L’intelligence artificielle a impacté de nombreux aspects de nos vies, et l’éducation n’y fait pas exception. Les acteurs de la EdTech présents lors du salon Learning Technologies 2024 en sont témoins : plus de 40 % des conférenciers ont choisi d’aborder le sujet de l’Intelligence Artificielle dans la formation cette année.
Nous parlons aujourd’hui d’une véritable révolution : comme le souligne une étude de SopraSteria Next, le marché de l’IA générative devrait passer de 8 milliards $ USD en 2023 à 100 milliards $ USD en 2028 ! Du côté du learning, 72 % des professionnels utilisent ou comptent utiliser l’IA dans la formation en 2024, selon le dernier baromètre de l’ISTF 2024.
Envie d’en savoir plus sur cette tendance fascinante ? Vous êtes au bon endroit.
L'intégration de l'intelligence artificielle dans le domaine de la formation suscite un intérêt croissant en raison de son potentiel à apporter une valeur ajoutée significative à la qualité de l'enseignement, à l'engagement des apprenants et à l'efficacité des méthodes pédagogiques. Nous explorerons ici diverses façons dont l'IA enrichit la formation, en mettant en lumière ses avantages et ses impacts sur l'évolution de l'éducation.
29 % des utilisateurs d’IA générative estiment que le premier avantage à son utilisation est le gain de temps dans la création du parcours de formation, et 18 % estiment qu’elle contribue à une meilleure productivité générale, selon le Baromètre 2024 Flowbow.
Aussi appelée GenAI par les anglophones, l’IA générative est capable de générer : du texte, des images, des scripts pour créer des vidéos et podcasts, des scénarios pour exercice de simulation… Elle est même apte à produire des contenus engageants tels que des activités pédagogiques (quizz, textes à trous, cartes conceptuelles, etc.) Cette génération de contenu est réalisable à partir de données source : soit provenant d’informations issues du web, soit de documents internes à l’entreprise directement importés dans une plateforme dédiée.
En s’appuyant sur une méthodologie de Machine Learning, et en utilisant des modèles de langage pré-entraînés, cette technologie agit comme copilote auprès des acteurs de la formation. En effet, elle réduit significativement le temps nécessaire à la création de contenus de formation, et les libère des tâches chronophages.
Dès lors, l’IA générative permet à l’apprenant d’accéder à une grande variété de formats d’apprentissage. Pour les entreprises et organismes de formation, cela répond à des enjeux de réduction des coûts associés à la création de contenu, tout en améliorant l’efficacité pédagogique.
Exemple d'un contenu source de 150 pages : 2 jours économisés pour ce projet.
Afin d’accompagner au mieux les apprenants dans leur montée en compétences, les formations doivent s’adapter à chaque individu et à chaque environnement de travail.
« Il existe deux types de data à identifier en formation : La data de l’utilisateur, l’employé donc : son travail, son niveau de performance ; et la data de contenu : quel type de contenu, quel type de format utiliser, etc. » explique Philippe Riveron, Chairman & Head of Alliances chez Edflex, lors du webinaire « Les tendances formation 2024 repérées au Learning Technologies ».
L’une des fonctionnalités phares de l’IA dans la formation est l’analyse continuelle des données des utilisateurs lors de leur parcours d’apprentissage. Elle peut être basée sur le taux de réussite sur les exercices, le temps passé sur chaque module, le progrès sur une compétence donnée, le taux de réduction des erreurs... Ces éléments vont permettre à l’IA de s’améliorer en permanence, et surtout de s’adapter au profil de chaque apprenant. En conséquence, l’IA est à même, grâce à des algorithmes spécifiques, de fournir des préconisations précises liées à chaque apprenant, et de générer des insights afin de créer des formations toujours plus attractives.
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En résumé, l’IA répond à deux besoins fonctionnels des équipes formation :
La formation constitue une composante importante dans le parcours professionnel d’un salarié, et de ce fait un outil de fidélisation très efficace pour l’entreprise. En créant un environnement d’apprentissage adapté, la formation par l’IA permet à l’apprenant de reprendre le contrôle sur son apprentissage, et ainsi d’obtenir une montée en compétences plus rapide. En effet, 54 % des apprenants affirment que l’IA générative les motive à développer leurs compétences, selon l’étude « Career Driven Learning » de GetApp publiée en 2023.
Couplé avec un modèle de formation asynchrone, où les participants peuvent avancer à leur rythme dans leur parcours de formation et d’où ils le souhaitent, nous obtenons la formule idéale pour augmenter l’engagement des recrues. La mise en place d’une formation asynchrone est non négligeable pour les formateurs en 2024 : selon le baromètre ISTF 2024, 48 % des interrogés en font leur priorité.
La montée en compétences des collaborateurs ainsi que l’augmentation de leur engagement entrainent un taux de complétion des parcours de formation plus élevé.
Les nouvelles technologies telles que l’IA ou la réalité virtuelle bousculent l’actualité et sont des sujets qui suscitent le débat. Elles nourrissent une crainte de remplacement progressif de l’Humain, et les métiers de la formation ne sont pas épargnés par ces croyances. Démystifions le sujet et apprenons à tirer parti de ces nouveaux outils dans sa stratégie pédagogique.
Nous l’avons évoqué précédemment : au quotidien, l’IA agit comme assistant auprès de l’ingénieur pédagogique, en lui permettant de gagner un temps colossal dans l’appropriation des contenus sources : elle va faire en quelques secondes, un travail qui peut prendre de nombreuses heures, et ce à partir de nombreux formats (PDF, PPT, vidéos avec script, etc).
Grâce à ce temps gagné, l’ingénieur pédagogique va pouvoir se concentrer sur des missions essentielles dans la conception de formations :
En effet, l’IA nécessite une supervision et une expertise technique, qui lui fait défaut.
Loin de remplacer le travail des ingénieurs pédagogiques, l’IA facilite leur quotidien. En plus du gain de temps précédemment évoqué, on note notamment une augmentation de la créativité pour 19 % des acteurs de la formation.
Si vous avez déjà utilisé un outil d’IA générative tel que Chat GPT, vous avez sûrement déjà vécu cette situation : vous posez une question qui vous semble claire, et l’IA apporte une réponse assez bancale, qui ne correspond pas totalement à vos attentes. C’est là que l’on peut souligner l’importance de maîtriser la rédaction du prompt.
Un prompt, c’est une question ou une phrase qui est conçue pour déclencher une réponse appropriée de l’IA. L’idée, c’est de pouvoir, avec l’association de mots-clés bien sélectionnés et une suite logique de questions, obtenir la réponse la plus pertinente et la plus proche possible de vos attentes. On parle ici de prompt engineering.
L’IA générative utilise la technique de Natural Language Processing (NLP) : le traitement automatique du langage naturel. À l’aide de « tokens » (groupe de mots-clés), elle identifie les requêtes de l’utilisateur. Dans le cadre d’une interface de création de formation, elle va ensuite aller puiser dans les documents source à sa disposition (qui auront donc été importés par l’ingénieur pédagogique, ou à défaut sur internet), afin de pouvoir répondre à la requête.
Vous l’aurez compris : plus vous préparez soigneusement vos consignes à l’IA, plus cette dernière va vous répondre de la manière la plus juste possible.
Voici quelques conseils pour rédiger un prompt efficace :
Prenons un exemple "bête et méchant" pour illustrer l'importance d'un contexte détaillé.
Prompt sur la photo ci-dessous : “Génère-moi une image de chat”
Prompt sur la photo ci-dessous : “Génère-moi une image de chat siamois de profil, posé sur un arbre à chat, qui regarde un oiseau à l’extérieur, crépuscule dehors, photo HD”.
Pour tout savoir sur la rédaction du prompt, consultez notre article dédié ici.
L’accompagnement pédagogique est un levier clé pour l’engagement des apprenants. La présence d’un tuteur est le premier facteur de motivation pour terminer sa formation en ligne. Précisément, 53 % des dispositifs non tutorés ont un taux de complétion inférieur à 20 %, tandis que 67 % des dispositifs tutorés ont un taux de complétion supérieur à 60 %.
Les discussions en groupe, les projets collaboratifs et les activités de résolution de problèmes permettent aux apprenants de partager leurs idées, d'explorer de nouveaux concepts et de bénéficier des perspectives diverses de leurs pairs. De plus, les interactions fournissent un soutien émotionnel et une validation sociale.
En résumé, l'interaction formateur/apprenant est un élément clé pour motiver les apprenants en favorisant l'engagement, la collaboration et le soutien mutuel tout au long de leur parcours d'apprentissage. Les acteurs de la formation sont dotés de soft skills avec lesquels l’IA ne peut pas rivaliser, et qui répondent à ce besoin d’échanges !
Depuis plus de deux ans, bon nombre d’acteurs de la formation ont commencé à utiliser des outils d’IA tels que Chat GPT pour les aider dans la création de leur formation, sans penser aux conséquences que cette utilisation pouvait engendrer. Aujourd’hui, nous avons une certaine prise de recul sur le sujet, et il est temps de penser à l’aspect éthique et à la sécurité des données.
Le principe d’éthique de l’IA vise à intégrer des principes moraux dans le développement, le déploiement, et l’utilisation des algorithmes d’IA. Cela inclut la garantie de la transparence, l’évitement des biais, la confidentialité des données, et la mise en place de mécanismes pour prendre en compte les considérations éthiques dans le processus de génération de contenus.
Les enjeux principaux de l’éthique dans l’IA sont :
La Commission européenne s’est voulue avant-gardiste sur la question en se penchant dès avril 2021 sur une réglementation de l’IA. Elle a énuméré divers principes à respecter : le respect des droits fondamentaux, la sécurité, la non-discrimination, la transparence et la maîtrise par l’utilisateur. Différents niveaux de risque ont été instaurés pour appliquer ces principes (minimal, élevé, inacceptable et risque spécifique de transparence).
La loi adoptée le 2 février 2024, l’IA Act, va venir encore renforcer cette régulation sur l’utilisation de l’IA avec quelques principes phares : la précision des sources des données d’entraînement, tendre vers plus de transparence en ajoutant la mention « produit par l’IA » sur les contenus produits. On va également demander aux entreprises d’évaluer le niveau de risques de l’IA qu’elles utilisent et de les choisir en pleine conscience.
Qu’en est-il de l’impact environnemental de l’utilisation de l’IA ?
Il est important de reconnaître que l’infrastructure technologique sous-jacente à l’IA consomme une quantité significative d’énergie. Il est donc indispensable de sensibiliser les équipes formation à un usage raisonné de cette nouvelle technologie, en proposant par exemple une limite de crédits d’usage par mois, et en étant transparent sur la consommation énergétique que génère une requête à l’IA.
En conclusion, l'intelligence artificielle a émergé comme un outil majeur dans le domaine de la formation, offrant des possibilités novatrices et prometteuses pour améliorer l'apprentissage. Cette nouvelle technologie transforme la manière dont les connaissances sont transmises et acquises, en permettant une personnalisation accrue et une efficacité décuplée des formations.
Il est essentiel de rester attentif aux défis éthiques tout en capitalisant sur les avantages qu'elle offre. En poursuivant la recherche et le développement dans ce domaine, nous pourrons exploiter pleinement le potentiel de l'IA pour façonner l'avenir de la formation de manière positive et inclusive.