En 2025, les ingénieurs pédagogiques et les responsables formation évoluent dans un paysage novateur, entre hybridation de la formation, intégration de nouvelles technologies et approches innovantes, qui ont été accélérées par la pandémie de Covid en 2020.
Les études le prouvent : la priorité des formateurs en 2025 est de créer des contenus digitaux asynchrones, selon le dernier Baromètre ISTF. Du côté des apprenants, la modalité la plus expérimentée est celle de l’e-learning, suivie par la classe virtuelle, selon la même étude.
Cette digitalisation représente un champ des possibles significatif, mais aussi de nombreux défis dans un secteur de la formation en tension, où l’on demande aux professionnels de la formation de faire “toujours plus avec moins”, mais également un risque de fracture numérique : ils doivent s'améliorer continuellement dans l’utilisation d'outils informatiques.
L’objectif de cet article est de vous offrir un guide complet sur l’ingénierie pédagogique de nos jours en mettant en lumière les bonnes pratiques à adopter, les nouveaux formats d’apprentissage, les outils incontournables et les perspectives du métier.
Un ingénieur pédagogique est un acteur de la formation qui réalise l’ensemble des étapes nécessaires à la conception, à la production et à la diffusion d’une formation, qu’il s’agisse d’un cours, d’une séquence de cours ou d’une activité pédagogique. Il identifie les pré-requis nécessaires à l’apprentissage, définit précisément les objectifs pédagogiques, et élabore des moyens d’évaluation adaptés. Ce processus implique la sélection d’approches pédagogiques et de techniques d’animation appropriées. L’objectif de l’ingénieur pédagogique est de structurer les éléments d’une stratégie pédagogique cohérente, visant à guider les apprenants vers l’acquisition de compétences définies.
Aujourd'hui, l’évolution rapide des technologies de l’apprentissage a transformé l’ingénierie pédagogique, et les organisations doivent s’adapter continuellement pour rester compétitives. Plus que jamais, les ingénieurs pédagogiques doivent s’adapter aux besoins des apprenants, à la compréhension de secteurs d’activité complexes, et l'évolution globale de leur métier.
Comme le souligne Homéric de Sarthe, vice-président et trésorier EdTech France :
“On ne peut plus former les collaborateurs avec les outils d’hier. Les entreprises ont besoin de proposer des formations engageantes, interactives, personnalisées et adaptées aux attentes des collaborateurs”.
Il existe une multitude de concepts pédagogiques qui permettent aux acteurs de la formation de s’organiser. Ces procédés ont démontré leur efficacité au cours des dernières décennies. Nous vous présentons ici les principaux :
Le modèle ADDIE est l’incontournable des équipes formations. Nous l'avions évoqué dans notre article sur les grandes étapes à suivre en ingénierie pédagogique.
Pour l’illustrer, prenons l’exemple de Marc, ingénieur pédagogique qui réalise une formation pour des membres du service marketing souhaitant se former sur les bases du RGPD.
L'acronyme ADDIE signifie :
La Taxonomie de Bloom est un modèle qui permet de classifier les objectifs pédagogiques en différentes catégories. Elle permet d’adapter la méthodologie de la formation en fonction des besoins.
Voici quelques exemples de verbes qui peuvent être utilisés pour créer les objectifs à chaque étape :
Le modèle Kirkpatrick est un mode d’évaluation du dispositif de formation établi en 4 niveaux. Chaque niveau est consolidé par le précédent pour acquérir des compétences solides. Grâce à cet outil, l’ingénieur pédagogique peut entrer dans une démarche d’amélioration continue de manière très simple. Pour illustrer ce modèle, nous avons choisi de vous lister les questions à se poser pour compléter un niveau.
Niveau 1 : La Réaction.
Les apprenants trouvent-ils la formation attrayante ? Engageante ?
La formation est-elle pertinente pour leur domaine d’activité et le niveau attendu ?
Quel est le degré d’implication des apprenants ?
Niveau 2 : L’Apprentissage.
Quel est le degré d’acquisition de connaissances des apprenants ?
Montent-ils en compétences au fur et à mesure de la formation ?
Participent-ils de manière proactive à la formation ?
Niveau 3 : Le Comportement.
Les apprenants appliquent-ils ce qu’ils ont appris une fois de retour au travail ?
Ce comportement dure-t-il dans le temps ?
Note-t-on un changement de comportement à la suite de la formation ?
Niveau 4 : Les Résultats.
Les résultats visés par l’entreprise et l’ingénieur pédagogique sont-ils atteints ?
Les performances de l’entreprise ont-elles évolué à la suite de la formation ?
L’évolution des formats d’apprentissage continue de transformer la manière dont les formations sont conçues et dispensées. Voici un aperçu de quelques formats incontournables à intégrer dans vos stratégies pédagogiques.
L’E-learning, ou apprentissage en ligne, a permis de rendre les formations plus accessibles en les diffusant sur des plateformes en ligne, avec la possibilité d’élargir le nombre d’apprenants tout en réduisant les coûts d’une formation présentielle.
Le Blended Learning est la combinaison du format présentiel et du format digital, aussi appelé formation hybride. Le blended learning cumule l’avantage des deux formats : l’interaction directe avec les formateurs et la collaboration entre pairs, tout en suivant certaines parties du cours aux rythmes des apprenants en distanciel.
Le Micro Learning découpe le contenu de formation en modules courts de moins de 5 mn chacun. Cela permet d’intégrer des notions de cours de manière plus efficace en maximisant l’impact et en augmentant l’attractivité de la formation de manière globale.
Les MOOCs, ou Massive Open Online Courses, comme leur nom l’indique, ce sont des cours accessibles gratuitement sur internet. Ce format a démocratisé l’éducation en rendant des contenus de qualité accessibles au grand public, indépendamment des contraintes géographiques et financières.
Le Peer to Peer Learning, en français “Apprentissage entre Pairs”, est un mode d’apprentissage horizontal qui se concentre sur la collaboration entre apprenants plutôt qu’un apprentissage traditionnel vertical dans lequel un professeur enseigne une notion à ses apprenants. Cette approche augmente l’impact de l’intégration des notions apprises en encourageant les discussions et échanges.
Bien entendu, nous ne pouvions pas passer à côté de cette nouvelle technologie qui est devenue incontournable pour les acteurs de la EdTech, avec une adoption dans les entreprises comme jamais vue auparavant. L’IA s’est intégrée en quelques années dans tous nos outils du quotidien, dans le but de gagner du temps, de faciliter les tâches chronophages et booster notre créativité.
Dans le monde du learning, l’IA joue les rôles suivants :
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Un outil auteur, nommé authoring tool en anglais, est un logiciel qui permet de créer du contenu de cours numérique adapté à l’e-learning pour le distribuer ensuite sur un outil de gestion et diffusion type LMS/LXP. Il peut créer à la fois des vidéos, des quiz, des jeux de rôle, etc de manière simple et intuitive. Le formateur dispose ainsi d’une plateforme qui lui simplifie le quotidien et lui permette d’illustrer ses cours avec créativité. En effet, proposer des cours ludiques permet une meilleure mémorisation des notions de cours et un meilleur engagement de la part des apprenants.
Commençons par différencier les deux acronymes essentiels dans l’univers e-learning.
Le LMS, Learning Management System, est une plateforme principalement pensée pour les équipes de formations pour les aider à concevoir des formations en ligne et à les diffuser aux apprenants. C’est un outil de management centré sur les besoins de l’administrateur pour gérer efficacement les parcours de formation à grande échelle.
Le LXP, Learning Experience Platform, qui est apparu dans un second temps, est quant à lui centré sur l’expérience apprenant, lui proposant des contenus personnalisés à ses préférences et besoins. Cet outil se base sur les données collectées sur l’apprenant pour lui proposer une formation adaptée, avec des fonctionnalités ultra-modernes. Il propose des formats d’apprentissage ludiques et attrayants pour maximiser l’implication des apprenants.
Ces deux outils d’e-learning sont différents mais complémentaires, et de nombreux acteurs de la formation les ont adoptés, notamment depuis quelques années avec l'essor des formations en ligne. Ils permettent de gagner beaucoup de temps sur la gestion et la diffusion des formations à grande échelle. Pour les apprenants, ils permettent de suivre des formations de manière asynchrone, leur permettant de gagner des connaissances et connaissances à tout moment et en tout lieu. Plutôt pratique, non ?
Aujourd’hui, ces outils intègrent de plus en plus l’IA pour proposer des recommandations adaptées aux apprenants. Ils sont semblables aux réseaux sociaux dans le but de favoriser l'apprentissage entre pairs et ainsi augmenter l’engagement des utilisateurs. En outre, ils permettent d’analyser les données des apprenants et leurs résultats aux examens, afin d’améliorer continuellement l’offre de formation en identifiant les points forts et les aspects à améliorer.
La formation a considérablement évolué, dépassant les simples formations présentielles avec un tableau, une craie et un cahier pour prendre des notes. Aujourd'hui, elle doit être ATADAWAC : Anytime, Anywhere, Any Device, Any Content (Traduit par “à tout moment, n’importe où, sur n’importe quel appareil, et n’importe quel contenu) . Cette évolution implique l’appropriation d’outils numériques modernes pour booster votre activité.
En tant qu’ingénieur pédagogique en 2025, vous disposez d’une multitude d’outils pour répondre à chaque étape du processus de formation :
À chaque étape du processus de formation, vous avez la possibilité d’améliorer votre organisation, gagner du temps et vous simplifier le quotidien grâce à ces outils. Vous n’avez plus qu’à faire votre choix !
Le métier d'ingénieur pédagogique évolue rapidement à l'ère du numérique et de l'intelligence artificielle. Autrefois centré sur la conception de cours traditionnels, il s'étend désormais à des responsabilités plus vastes, telles que l'intégration de technologies innovantes, la création de contenus interactifs, et l'analyse des données d'apprentissage pour optimiser les parcours. Il conçoit des expériences personnalisées aux besoins spécifiques des apprenants en suivant les grandes tendances.
À l'avenir, ce rôle exigera une maîtrise approfondie des outils technologiques et une capacité à anticiper les tendances éducatives, tout en restant centré sur l'humain et la pédagogie. Loin de disparaître, ce métier se réinvente, s'enrichissant de nouvelles compétences qui renforceront son importance dans le paysage de la formation.
Contrairement aux craintes de remplacement par l'IA de certains, cette technologie s'impose plutôt comme un allié puissant, permettant ainsi aux ingénieurs pédagogiques de se concentrer sur des aspects plus stratégiques de la formation. Les ingénieurs pédagogiques deviennent ainsi des créateurs d'expériences d'apprentissage immersives et engageantes pour répondre aux besoins spécifiques des apprenants.